Lifou c’est bien ? wé wé !

En Nouvelle Calédonie, 2 nouveaux membres ont rejoint la tribu des têtes à l’envers : Manou et Grand-père, 2 Zoreilles arrivés la veille de Métro. Manou a une autre signification ici, c’est un morceau d’étoffe colorée en coton porté en paréo par les hommes kanaks et offert dans le cadre de la coutume que l’on expliquera un peu plus bas.

Nuit à Nouméa à la Baie de Citrons puis direction Lifou, la plus grosse île des 4 îles de la Loyauté (les 3 autres îles étant Maré, Tiga, Ouvéa ), dans un petit coucou qui bouggge beaaauucouup!

Nous souhaitions faire des sites paradisiaques lors de nos 6 mois de périple et bien je crois qu’on y est.

Lifou, ou Drehu en langue locale, est une île plus grande que la Martinique, entourée d’un lagon : eaux turquoises bordées de coraux magnifiques. On y trouve cocoteraies, falaises qui plongent dans l’océan, grottes, forêt tropical, et Lungöni l’une des plus belles plages du monde selon nous sur laquelle on croise des tortues de mer. Lifou c’est aussi et surtout une population kanak très chaleureuse avec des traditions encore bien vivantes Et parce que sinon cela aurait été insupportablement trop parfait pour vous qui nous lisez, on vous rassure on aura quand même eu de la pluie presque non stop et la 1ère Tourista du voyage!

Lifou, c’est une vraie immersion dans la culture Kanak. Mais avant de vous parler de la coutume, on vous présente nos hôtes et notre plage…

La Tribu de Luengöni

Nous avons passé 5 jours dans la tribu Luengöni soit 2 nuits chez Jeanne Forest et 3 nuits chez sa nièce à Kukekep dans de très belles cases traditionnelles au bord de la magnifique plage de Luengöni (d’où le nom de la tribu).

Nous avons pu déguster un certain nombre de plats traditionnels, notamment :

  • La jolie roussette du dimanche midi. Les jeunes de la tribu ont organisé un repas afin de financer leur kermesse et d’aider les jeunes partis en métros. Nous avons pris le repas complet : salade tahitienne (poissons au lait de coco cuit dans le citron vert), roussette et salade de fruits.

Alors la Roussette, n’est pas un poisson comme Manou et moi-même le pensions en commandant le menu mais une grande chauve-souris endémique, appréciée pour sa chair fruitée. Cuisinée comme un lapin et accompagné de riz coco, c’est semble t-il excellent.

  • Le fameux bougna de Jeanne Forest. Ce dernier a la réputation d’être le meilleur de Nouvelle-Calédonie. C’est LE plat traditionnel Kanak : fruits, légumes, tubercules (taro, igname, manioc) et viandes (selon les goûts porc, poisson, crabe, poulet, langouste, roussette) arosés de lait de coco, enveloppés dans des feuilles de bananier, puis cuit par des pierres chaudes au fond d’un trou creusé dans la terre ou le sable. Lorsque le bougna n’est pas cuit ainsi, il est appelé bougna marmite. Nous avons eu droit à un bougna traditionnel poulets – tubercules (ignames violet, patates douces).

  • Tubercules, papaye et poissons grillés

Nous n’aurons pas dégusté les tortues et oui heureusement, elles sont protégées. Néanmoins, certaines espèces sont dégustées pour des occasions très spéciales dans les tribus comme les mariages . En revanche, nous savons grâce à Jeanne pourquoi les tortues sont dans l’eau. Et surtout nous en avons croisé un certain nombre sur notre plage .

La plage de Lungonï, bon ben voilà même sous la pluie c’est bôoo !

La Culture Kanak

Voici ce que l’on a compris jusqu’à présent car c’est trèèès complexe. On étayera probablement au fur et à mesure de nos échanges avec les locaux!

Le terme Kanak signifie homme en hawaïen. Il était utilisé par les marins du XIXème sièle pour désigner indifferemment tous les peuples autochtones du pacifique. L’usage s’est peu à peu restreint aux Mélanésiens de Nouvelle Calédonie. A partir des années 70 les indépendantistes ont récupéré le terme jusqu’alors péjoratif pour en faire l’emblème de tout un peuple.

1- La tribu et sa terre

La tribu et la famille sont la référence en dehors de laquelle la vie de l’individu n’a pas de sens. L’homme dans l’univers kanak n’est rien en dehors du groupe et un groupe ne peut se développer qu’à partir d’une terre. Etre exclu de l’un ou l’autre est un véritable châtiment.

Ainsi, chaque individu appartient à un clan (une famille élargie) avec son chef de clan. Les clans issus du même ancêtre sont regroupés au sein de tribus représentées par un petit chef et le conseil des anciens (composé des chefs de clans désignés par le doit d’aînesse). Les membres d’une tribu parlent la même langue et appartiennent au même territoire. Les petits chefs sont sous l’autorité d’un grand chef qui descend généralement de l’ancêtre commun et dont l’autorité s’étend sur tout un district. L’aire coutumière de Lifou est divisé en 3 districts : Wetr au nord (17 tribus), Gaïca au centre (4 tribus) et Lössi au Sud, où nous sommes (16 tribus). Le grand chef est un médiateur qui régle les conflits d’intérêts, gère les rapports avec l’administration publique et organise la vie coutumière. Les décisions sont collectives et s’établissent autour de la décision des ainés ou du chef qui parle en dernier après avoir écouté le groupe. Le grand chef, dont la fonction est normallement héréditaire, jouit d’un respect certain mais finalement possède moins de pouvoir décisionnaire que les anciens. L’attachement aux ancêtres et à la terre cimente l’identité kanak.

La société Kanak est patriarcale, elle est fondée sur la perpétuation du lignage des hommes et de leurs clans. Le rôle de la femme est de tisser les liens inter-claniques en allant dans le clan de son mari. L’union est choisi par les clans. L’enfant né sera du clan du père dont il recevra l’esprit de l’ancêtre, le nom et la terre. Mais il recevra le “souffle de la vie” de son oncle maternel. Ce dernier jouera le rôle du père et aura la responsabilité de veiller sur le parcours de l’enfant de la naissance à la mort. Le père génétique ayant uniquement le rôle de géniteur.

2- L’habitat traditionnel

Dans chaque tribu il y a une grande case qui symbolise son organisation : il faut s’incliner pour franchir la petite porte qui donne sur un pilier central qui symbolise le chef. Les poteaux périphériques qui s’inclinent ver le poteau central représentent les sujets du chef. Chaque tribu possède son église (majoritairement protestante à Lifou), son école, son terrain de foot (Christian Karembeu est originaire de l’île) et son cimetière coloré qui est au centre de la tribu.

La case est l’habitat traditionnel Kanak. Le plus souvent ronde, elle est faite de bois, de paille et de feuilles de cocotiers. Bien entretenue, elle dure 10 à 15 ans. Pour cela on l’on enfume régulièrement pour détruire les parasites et assainir le toit.

Néanmoins aujourd’hui toutes les familles ont leur case traditionnelle et toute les tribus leur grande case mais les habitants préfèrent habiter aujourd’hui dans des maisons en durs avec des toits en tôle. Leur cuisine est à l’écart de la maison principale dans une autre annexe en tôle.

3- La coutume, centrale dans la culture Kanak.

La coutume est le quotidien des kanak et se manifeste d’un simple geste de bonjour aux plus grandes cérémonies coutumières (naissance, mariage, décès). La coutume est issue d’un ensemble de traditions séculaires qui se transmet de génération en génération. La coutume n’est néanmoins pas immuable et peut s’adapter à l’environnement actuel. Elle est par ailleurs multiple, c’est à dire propre à chaque tribu et complexe : elle définie l’organisation de la société et la géographie d’un pays (les aires coutumières). Elle marque les relations et les positions vis à vis des autres. Elle se traduit en paroles, gestes et dons. Elle représente les règles de vie, la bienséance, l’acceuil, le respect et l’humilité.

Ainsi par exemple avant d’entrer ans une maison ou de traverser la terre d’une tribu, le visiteur doit “faire coutume”. C’est à dire faire au chef de la tribu un discours de présentation et une offrande composée d’un manou et d’un billet de banque ou d’un paquet de cigarette (pas d’alcool). C’est la règle fondamentale de bienséance qui signifie que la personne acceuillie respecte ses hôtes. Nous n’avons pas fait coutume car nos hôtes, membres de la tribu, l’avaient fait pour nous. A noter, la vie dans la tribu est communautaire, tout se partage. Les familles qui ont un salaire ou qui font comme nos hôtes de “l’acceuil en tribu” vont redistribuer leur gain lors de mariage, décès, fêtes…

4- Les robes missions

Toutes les femmes ont de belles robes longues et larges, très colorées et ornées de dentelles. Ce sont les robes missions : une des 1ères mesures prises par les missionnaires, le vêtement coutumier des femmes étant à l’époque trop réduit pour contenir les ardeurs des nouveaux arrivants.

Lifou en bref

Peuplés par les Mélanésiens il y a plus de 3000 ans, l’archipel des îles Loyauté a été localisé par les Européens en 1793 soit 19 ans après Grande Terre distante d’une centaine de kilomètres. Dumont d’Urville en 1840 aurait établi la carte définitive de Lifou qui aurait été baptisée Chabrol en l’honneur du ministre auquel le navigateur français devait son expédition. Au cours du XIXème siècle certains baleiniers anglais et américains et traficants australiens attirés par les ressources en santal se seraient implantés et auraient été intégrés dans les tribus. En parallèle, les missionnaires catholiques (Mission mariste française) et protestants (London Missionary Society) se livrent une course poursuite pour évangéliser l’archipel. Cette rivalité religieuse fait écho à la lutte politique entre la France et l’Angleterre pour l’obtention des Loyautés. Des combats sanglants entre tribus protestantes et catholiques orchestrés par les 2 puissances auront lieux. En 1864, la france annexe les iles loyaté, transformées en 1899 en réserve Autochtone.

Lifou acceuille aujourd’hui le siège de la Province des îles Loyauté, sachant qu’il y a 3 provinces en Nouvelle Calédonie : la Province du Nord, du Sud et celle des Iles Loyautés. Lifou est l’île la plus peuplée : 5000 à 10 000 personnes (si on compte ou non ceux qui sont à Nouméa.). Il a 22 000 sur l’ensemble de la Province. Sur Lifou on y trouve la plus grosse ville Wé qui a donne lieu à un fou rire de Mathieu et Manou : elle est où votre femme, à wé? Wé wé wé elle est à wé !. On trouve également le lycée des îles de la Loyauté.

12 Comments on “Lifou c’est bien ? wé wé !

  1. J’ai pas encore lu l’intégral, mais la chauve-souris au coco ça à l’air… appétissant!
    …et quelle plage!

    • On ne saura jamais si la tourista de jeanne a été la résultante de la Papaye, de la Rousette ou du jambon Serrano!!! Des bises

  2. Merci de nous faire partager votre exotique voyage…
    Gisèle et moi rêvons et déplaçons la photo de Baptiste sur le planisphère .La Nouvelle Calédonie semble superbe.Comptez vous y rester ? ou est ce Lyon qui l emportera?
    Pour nous ,c’est un peu moins dépaysant mais nous irons nous perdre dans les labyrinthes de Haute rive.
    Profitez pleinement de votre aventure et bons baisers à BASILE et JEANNE
    Nicole

    • Bonjour Nicole et Gisèle, merci pour ce petit message qui fait super plaisir à Basile et Jeanne. Ici c’est grandiose, on savoure avec une découverte chaque jour pour les enfants et nous même… Profitez bien des beaux jours, à bientôt.

  3. Ouai c’est vrai ca a l’air sympa. On dirait la corse, avec la tourista en plus..!

    • Oui Manon, c’est exactement cela. On se demande d’ailleurs pourquoi on est parti à 20 000 km pour se choper une tourista alors que la corse est si proche!

  4. Je suis vos aventures, c’est toujours aussi chouette visiblement. Des bises donc à vous quatre. Ici la saison des fraises commence, c’est moins exotique que les beaux fruits que l’on voit là mais c’est bon aussi ! Christelle tu as adopté la robe mission ? Profitez !!

    • Ben Oui, je ne porte plus que cela et je n’ai pas l’intention de changer de code vestimentaire en rentrant à Lyon. Neige, Soleil, bureau, maison, ce sera robe mission tous les jours.

  5. Ouf, enfermée 4 jours dans un palais des congrès sans fenêtres, je prends un bon bol d’air en regardant votre blog. J’aime beaucoup vos commentaires . Votre voyage est top.
    On vous embrasse
    Sylvie et Do

    • Véro et Francis vous raconteront dans quelques jours … pleins de bises

  6. Bonjour “Les Têtes à l’Envers”,

    c’est Barnabé. J’ai regardé les vidéos. J’aimerais être là-bas avec les dauphins et avec vous. En France il est 21h. Je vais me coucher car demain, je vais à l’école.

    Bisous Barnabé

  7. Bonjour Barnabé, c’est Jeanne et Basile, hier nous avons vu une tortue. Nous avons aussi nagé avec le masque et le tuba pour voir les poissons clowns et perroquets cachés dans les coraux. Nous avons toujours ta photo! A bientôt.

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