La vie dans la communauté fidjienne

Nous allons reprendre les Fidji times du précédent article avec cette fois les commentaires associés afin de vous raconter comment nous percevons la vie dans notre communauté Fidjienne. Nous répondrons ainsi en même temps aux derniers commentaires qui nous font toujours aussi plaisir. On notera quelques similarités entre la population Fijienne indigène et les Kanaks de Nouvelle Calédonie. On parle de population Fidjienne indigène (mélanésienne) qui représente environ 56% de la population car il y a aussi environ 38% de Fidjiens d’origine indienne (ouvriers amenés par les anglais pour s’occuper des cannes à sucre entre 1880 et 1915). L’anglais est la langue commune aux 2 origines, au quotidien chacun parle sa langue propre. Bon comme on a aucun guide sur les Fidji, ils sont en rupture de Stock à Nadi, on va s’arrêter là, on reprendra quand on trouvera de la littérature fiable. Parlons de ce que nous voyons au quotidien depuis 3 semaines.

Kava Time

Le Kava est fait à partir de racines de Poivrier noir réduites en poudre mélangée à de l’eau, le tout partagé dans une coquille de Noix de coco que l’on se passe. Le Kava rythme la vie du village. Il se boit à toutes les occasions et donc tous les soirs pour les hommes. Les femmes le boivent aussi mais un peu moins fréquemment. Les sons associés à sa préparation puis sa consommation (chez nos hôtes ou dans les maisons à côté) souvent accompagnée de chants et guitare bercent ainsi toutes nos soirées. A noter, les Fijiens chantent particulièrement bien et leurs chants en chœur sont splendides.

En terme de goût et de texture, disons que c’est terreux ! A noter, le Kava est consommé également en Nouvelle Calédonie par les Kanaks mais pas tout à fait de la même façon: plus concentré chez ces derniers, il se boit dans des tavernes isolées aux lampioles rouges. Comme le faisait remarquer olivier, son effet est anesthésiant, cela ankylose essentiellement la bouche et surtout cela permet de bien dormir après. Les Fijiens en ingurgitent une quantité impressionnante. Après, à choisir entre l’alcool des Kanaks et le Kava accompagnée de chants Fidjiens et de la guitare, on a tendance à préférer pour les communautés le Kava qui rend pacifiste. En Nouvelle Calédonie, l’alcool est un tel fléau qu’on ne peut plus en acheter le mercredi, le vendredi, le samedi, le dimanche, les jours fériés et veille de jours fériés après les 12 coups de midi. Les rayons alcool des supermarchés sont interdits d’accès. Bref l’angoisse quoi.

Chief Time

Comme dans les tribus Kanak, il y a un chef de village (héréditaire, ce sera son fils ou son frère qui prendra sa succession) auprès de qui nous devons être présenté en suivant un protocole bien spécifique. Pour ce faire, nous sommes allés au marché acheter des racines de Poivrier (le Kava) avant de nous rendre chez le chef avec notre hôte Tuku. La cérémonie dure alors 10 minutes : nous nous asseyons en tailleur et en arc de cercle autour du Chef avec derrière nous les femmes de la famille du chef. Tuku démarre alors en Fijien un discours (comme une prière) et offre au chef les racines. Le chef nous pose ensuite 2, 3 questions et puis on repart. Ça y est, nous sommes introduit, tout le monde sait désormais que nous sommes là et nous pouvons circuler librement dans tout le village.

Function Time

Afin de faire vivre la communauté, chaque couple doit donner chaque année100$ fijiens (40€ environ). Le paiement est étalé et la collecte de chaque don (10$, 20$ …) se fait lors de functions : tous les membres d’une famille/ tribu se réunissent (1 fois/ semaine environ) dans une maison ou sur la terrasse pour boire le Kava jusqu’à tard dans la nuit. Tuku est un personnage central de la famille car d’une part c’est lui qui joue de la guitare et d’autre part c’est lui le trésorier. Comme il y a pleins de familles dans le village et bien il y a en gros des functions tous les soirs. A la fin de la collecte, le chef devrait récupérer de l’ensemble des familles environ 38 000$ fijiens et il sera alors décider leur destination.

A côté des functions, il y a également le lundi réservé aux travaux communs pour ceux qui ne sont pas au travail : ramassage des papiers par terre, coupage des herbes, du bois, reconstruction …. Un crieur passe dans le village pour donner l’ordre du jour en fijien. L’après-midi tout le monde se réunit encore une fois autour d’un Kava.

Home Time

Nous sommes dans un village situé sur une colline. Les maisons ne sont pas ici sur pilotis car épargnées des inondations dues aux pluies diluviennes qui s’abattent sur le pays de Novembre à Avril. A noter, avant l’an 2000, les maisons étaient encore fabriquées à l’ancienne, comme les tribus de nouvelle calédonie, faites de feuilles de cocotier et de bois. Dans le village, il reste 1 maison comme cela.

Les habitations sont très sommaires. Nous sommes chez Tuku et Maggy qui ont fauteuils, canapé, table et chaises mais chez les autres, il y a un salon sans rien, même pas une étagère et 1 ou 2 chambres pour les nouveaux nés ou les couples, justes séparées par un rideau. Les cuisines et salles d’eau sont à l’extérieur. Il y a toujours du monde qui dort dans le salon à même le sol faute de lit et aussi pour avoir plus de fraîcheur. Tuku et Maggy n’ont pas d’enfants ce qui leur permettent de nous accueillir tous les 4. Dans les autres maisons, il y a généralement les grands-parents, les fils et leurs femmes et les enfants.

En terme de tenue l’habit traditionnel est le pocket sulu avec chemise blanche pour les Hommes. Ils le portent le dimanche pour l’église, les mariages, les funérailles, bref pour les grandes occasions. Il est également porté par les maîtres d’école et par tous ceux qui travaillent auprès des touristes dans les magasins et Resorts. Sauf que là la chemise blanche est remplacée par la chemise à fleur! Le reste du temps, les hommes peuvent s’habiller comme ils le souhaitent. Ci-dessous le Pocket Sulu de Mathieu bon avec le bon tee Shirt mais y a de l’effort ! En revanche pour les femmes c’est épaules et genoux couverts en permanence (c’est top sous 35°). Maggy a fabriqué un superbe suru pour Jeanne. Photo à venir.

Food Time

Une chose nous a agréablement surpris en arrivant aux fiji : sur les marchés, nous trouvons de très nombreux fruits et légumes en tous genres et les étalages sont remplis, contrairement à la Nouvelle Calédonie. Les produits locaux sont économiques ; un gros régime de bananes coûte par exemple 1$ fijien, soit environ 40 cents.

Lovo Time : c’est le repas traditionnel Fijien qu’ils consomment à chaque grande occasion. On vous laisse voir en image : tarots, feuilles de tarots remplis de lait de coco et bœuf, poulets, moutons, le tout cuit sur des pierres chaudes recouvertes de feuilles de bananier. Excellent bien que les feuilles de tarots accompagnées du lait de coco soient à consommer avec modération !!

Reste du temps time : en terme d’alimentation, il y a toute une éducation à faire au niveau de la population fijienne indigène (les fijiens indiens sont quant à eux plutôt sveltes). Les femmes sont pour la plupart obèses. La 1ère raison est culturelle : il est apprécié d’être plutôt rond plutôt que tout chétif (ie maladif pour eux). La 2nde est qu’ils n’ont pour la plupart aucune notion de ce qui est bon ou non pour la santé. Les repas sont constitués essentiellement de féculents et produits à base de farine blanche avec des portions gargantuesques accompagnés de jus ultra sucrés. Les supermarchés ont un assortiment très light en alimentation mais gigantesque en boisson dans lequel il est pourtant impossible de trouver des jus dont le 1er ingrédient n’est pas le sucre ajouté. A cela on ajoute, pour les femmes plus particulièrement une activité physique assez limitée bien qu’elles ne chôment pas vraiment avec leur travail en ville pour certaines et activités domestiques (Maggy se lève par exemple vers 5h tous les matins pour préparer les pancakes du petits dej et les sandwichs du lunch de tout le monde). A noter, à contrario les mecs Fijiens sont plutôt assez baraqués! En synthèse, les Fijiens meurent en grande proportion extrêmement jeunes de diabètes et d’attaques cardiaques.

Les gens et le fiji time

Voici un peuple qu’il fait bon de connaître. Les Fijiens indigènes sont toujours gentils et souriants. Malgré leur santé relativement précaire et leurs moyens financiers limités, c’est bateau à dire mais ils semblent tout simplement heureux.

Pourquoi ? Voici nos observations : Parce que la solitude n’existe pas. Dans le village, il y a des enfants partout qui courent. Toutes les portes sont ouvertes. Quand un enfant perd ses parent, il est recueilli dans une autre famille très facilement. Parce qu’ils sont dans le partage : les collectes pour des projets communs, les chants, la guitare, le Kava. Aucune addiction à la télé et à Facebook ! Parce qu’ils ont des valeurs communes : les traditions, la famille, le respect du chef, leur croyance très forte en Dieu, la gentillesse et le sourire. Parce qu’on a très clairement observé chez nos hôtes une égalité homme/Femme (après on ne peut généraliser, on ne connaît pas ailleurs) avec une très bonne communication dans le couple, une tolérance. Les mariages sont d’amour. Parce qu’ils sont actifs. Certes, c’est le rythme fidjien mais ils font toujours quelque chose : linge, cuisine, travaux collectifs, préparation des functions…. Parce qu’ils se contentent de peu de choses. En synthèse : joie de vivre, altruisme et faible ego ? A méditer.

Bon maintenant, c’est pas pour ça qu’on vivrait ici ! Il fait trop chauddd : 30°C en permanence et nous sommes en hiver ! Il n’est pas rare de voir les femmes et les hommes porter des pull-over, des bonnets et des pantalons le soir, alors qu’il fait encore entre 25 et 27 degrés ! De notre côté nous dormions avec le ventilateur toute la nuit. Ensuite, il faut réussir à prendre le rythme fijéen et malheureusement à long terme, nos avons bien peur d’être inadaptés. Les tongues sont un outil indispensable afin de s’adapter, histoire de ne pas marcher trop vite et la sieste une institution. La gentille formule de notre hôte « Have a rest » après avoir fait 3 mouvements décrit au mieux cette attitude. On aime la convivialité mais pas tout le temps ! Cette vie de partage est assez fantastique avec toutes ces portes ouvertes. Mais alors vraiment toutes !Les chambres sont simplement séparées par de minces rideaux. Bonjour l’intimité et l’on manque de marcher sur quelqu’un à chaque fois qu’on va aux toilettes ! Bon et après les bons vieux clichés de l’éloignement et la gastronomie Française !

Cochonou time, pardon Kiddengarten Time

Ahh nous n’avions volontairement pas mentionné les petits carreaux vichy pour voir si cela serait relevé et si cela ferait rire certain comme nous en arrivant dans l’école. Excellent, Nathalie a tout de suite tiqué ! Alors comment se passe l’école maternelle et quel est notre rôle ?

L’ordre du jour

8h – les enfants arrivent et jouent avec des puzzles pour se mettre à l’aise. Quand nous arrivons, ils se jettent à peu près tous sur nous, nous essayons alors de jouer avec eux et de garder nos vêtements intacts.

8h45 -les enfants sont assis devant la maîtresse et c’est chanson en anglais, alphabet, et quelques bénédictions chrétiennes (à noter, il y a un certain nombre d’indiens de religion hindous dans la classe). Nous on chante avec eux. Jeanne anime parfois en chantant des chansons que l’on connaît en Français et en Anglais. Merci à Nicole la maîtresse de Basile pour nous avoir appris Bokoco, à Nadine la maîtresse de Jeanne pour la chanson « My name is …. » et à Célia pour toutes les chansons apprises en NZ.

9h45– Exercice papier : alphabet, chiffres. Nous on aide les enfants individuellement.

10h30 – Tea Time à l’anglo-saxonne composé d’un mini repas composé de riz, pâtes, saucisses … que chaque enfant a ramené de chez lui. Après c’est censé être lavage de dents ce qui serait une super bonne chose car ce n’est pas une habitude et la plupart des enfants ont déjà les dents pourries, mais ce n’est pas mis en application.

11h – Jeux dehors ou peinture à l’intérieur. Nous on anime grâce aux jeux que Jeanne et Basile nous ont réappris : Simon Says, le facteur, loup glacé, Rugby …. La 2ème semaine on s’est mis à fabriquer des jardinières avec les mamans et les enfants. Nous avons planté des tomates pour que les enfants puissent les cultiver un peu chaque jour.

12h – c’est fini pour les 5ans, les 4 ans prennent le relais jusqu’à 14h30.

Faits marquants dans l’école:

N°1 -Il y a toujours entre 5 et 10 mamans avec nous qui sont assises par terre au fond et regardent, passent le balai, préparent le lait citron de 10h30, aident les enfants pendant les exercices écrits. Tout cela est surprenant mais très vivant !

N°2- Le vendredi, il n’y a pas de programme car les parents viennent discuter avec la maîtresse alors les enfants sont dehors. Nous on fait pleins de jeux avec eux.

N°3– 1 à 2 fois par semaine un mini car de touristes Australiens des grands hôtels situés à une quinzaine de kilomètres débarquent pour prendre des photos et distribuer stickers et sucettes. Les enfants stoppent ce qu’ils faisaient le temps de la visite (20 min) et font le show chants et danses. Euh comment dire, disons qu’on est un peu perplexe sur le procédé mais bon les enfants sont évidemment ravis contents d’être pris en photos et de recevoir des bonbecs. Si les hôtels donnaient des fonds pour ce show et que c’était un peu cadré genre le vendredi quand il n’y a pas vraiment de programme, why not. Mais là ce ne semble pas très équitable : les Resorts offrent une sortie « culturelle » à leurs riches touristes en contrepartie de vieux ordis dont ils n’ont plus besoin. Après on dit ça, on dit rien, on est pas là pour juger quoi que ce soit.

N°4– La maîtresse alterne entre Fijien et Anglais. Les enfants parlent encore très très mal anglais à cet âge.

Primary School Time

On aurait du aider aussi à l’école primaire mais c’est très différent de la Thaïlande. Les cours sont très magistraux et il est plus difficile d’intégrer Jeanne et Basile (ils seraient restés assis sur une chaise sans bouger pendant des heures en écoutant une langue qu’ils ne comprennent pas. Compliqué). Par ailleurs, il y a un enseignant par classe donc notre rôle aurait été plus celui d’observateur, un peu compliqué pour nos tempéraments !! Bref on a préféré rester en école maternelle.

A noter enfin tous les enfants à partir de 10 ans dorment à l’école du lundi soir au samedi matin. Ils rentrent chez eux à 16h pour laver leur uniforme et manger. Ils repartent à l’école vers 19h. Comme expliqué les maisons sont surchargées et ce n’est pas un environnement favorable pour qu’ils fassent leurs devoirs … Après l’école primaire, ils devront aller en bus à Nadi, la ville la plus proche.

Voilou, c’est un peu long, mais comme on pourra peut être pas raconter tout à tout le monde tout de suite et bien ça vous donne une meilleure idée de ce que l’on vit. Les bises.

4 Comments on “La vie dans la communauté fidjienne

  1. Toujours interéssant et bien rédigé…Seul petit probléme de reception en ce qui me concerne: les photos qui prennent des formes inattendues en longueur. …Mathieu , à le voir ainsi, semble avoir énormément grandi durant ce voyage!!! Bon vent et bravo pour ces documentaires qui font rever….

  2. J-5… yeah! Mais quels aventures vous avez partagés avec nous! 🙂

    Comme tout ceux que j’ai croisé dans la rue et qui ont suivi votre blog en silence: but where are the beaches (pas bitches) in Fidji?

    Comme le raconte bien Chrystelle, la vie là bas est une sacré expérience… si proche des gens que vous risquez de les marcher dessus la nuit! hehehe 🙂

    ça serait qd même sympa de mettre une photo de vous sur la plage, signé Fiji Islands… juste pour la carte postale turista, avec Mathieu dans son Pocket sulu!

    Certains détails du récit sont très rigolos, comme : “Tea Time à l’anglo-saxonne composé d’un mini repas composé de riz, pâtes, saucisses…” Ici ça s’appelle un gueuleton… hahaha… on s’attend plus à “du thé british et des cookies”… 🙂

    Question coquine: Du coup, vous dites que vous vivez collez les uns sur les autres et que la famille et le couple tout est amour… mais l’amour, ils le font quand et où si tout le monde est toujours là? Est-ce que les limites de la pudeur sont repoussé un cran plus loin dans la vie communautaire? Vous pouvez me répondre à votre retour…

    Question: Mathieu en face des pommes au marché… elles sont toutes importées? d’Australie? J’arrive pas à lire l’étiquette marqué dessus…

    Et pour finir avec ma série de questions: Comment vous perçoivent-ils, les européens continentaux, qui viennent un mois habiter chez eux? Est-ce qu’ils vous ont posé beaucoup de questions sur votre mode de vie en France, sur vous, etc? Est-ce que lors de votre voyage vous vous êtes faits des amis? Y a t il eut des moments “durs”?

    bises et à… fin aout!

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